Maison à colombages : le guide
La maison à colombages est un type de bâtisse que l’on peut retrouver un peu partout en France et en Europe. Cette construction traditionnelle, qui apparaît essentiellement à partir du Moyen-Âge, aborde des façades caractéristiques. Nos architectes spécialistes du patrimoine vous expliquent tout ce qu’il faut savoir sur les maisons à colombages et leurs spécificités.
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Qu’est-ce qu’une maison à colombages ?
S’il s’agit souvent d’une technique architecturale assez connue, car très caractéristique, il reste intéressant de rappeler en quoi consistent les maisons à colombages.
Le principe de la maison à colombages
Aussi appelée maison à pans de bois, la maison à colombages est une bâtisse à ossature bois, facilement reconnaissable à la présence de poutres en façade.
Cette assemblage de charpenterie utilise comme son nom l’indique des colombages, à savoir un ensemble de poutres en bois qui permet de monter l’édifice, et sert de structure porteuse.
Les colombages sont ensuite remplis à l’aide du hourdis (qui peut être composé de différents matériaux), ce qui va permettre de dresser les maçonneries et de raidir le bâtiment.
L’Histoire des maisons à colombages
La construction à colombages est une technique particulièrement répandue en Europe du Nord et en Europe de l’Ouest. On considère qu’elle est apparue au courant de l’Antiquité, mais qu’elle s’est fortement développée au courant du Moyen-âge, autour du XIVe siècle. En France, les premières maisons à colombages telles que nous les connaissons datent du XIIe siècle.
Cette technique permet de construire aussi bien des maisons de plain-pied que des immeubles de plusieurs étages, si bien qu’on la retrouve autant dans les grandes villes que dans l’habitat paysan. La construction en bois était considérablement moins coûteuse que les maisons en pierre, d’où son grand succès.
Les maisons à colombages permettaient par ailleurs de créer des bâtiments ayant peu d’emprise au sol, ce qui était particulièrement apprécié dans les communes les plus peuplées.
En revanche, les constructions en bois ont rapidement représenté un défi face aux risques d’incendie, en particulier à une époque où les maisons avaient un toit de chaume et où le chauffage se faisait à la cheminée ! À partir du XVIIe siècle, un édit de Colbert va obliger à enduire la plupart des façades à colombages dans les grandes villes, pour réduire ce risque. Elles sont alors souvent couvertes par des enduits au plâtre, en particulier dans les grandes villes, ce qui dissimule les colombages.
Ce travail de recouvrement des colombages se poursuit jusqu’à la fin du XIXe siècle sur les bâtiments existants. Du côté des constructions neuves, l’utilisation de colombages commence à décliner dès le XVIIIe siècle, au profit de la brique et de la pierre.
De nos jours, de nombreuses façades à colombages ont été entièrement recouvertes, et c’est une architecture que l’on retrouve avant tout dans les quartiers historiques ou dans l’architecture paysanne, par exemple en Alsace, en Bretagne ou en Normandie.
On notera que des façades anciennes à colombages continuent d’être recouvertes, cette fois-ci pour des raisons de rénovation énergétique, comme ce fut le cas à Rennes en 2024. On retrouve néanmoins encore de nombreux bâtiments à colombages, dont les plus anciens sont parfois protégés par le statut de monument historique.
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Comment est construite une maison à colombages ?
Il est toujours intéressant de se pencher sur la construction d’une maison à colombages, que ce soit par simple curiosité architecturale ou par volonté de mieux comprendre son propre bien immobilier à pans de bois.
Comme nous l’avons précédemment évoqué, les maisons à colombages sont conçues à partir de pans de bois, eux-mêmes emplis avec du hourdis.
La construction en pans de bois
Comme vous l’aurez compris, les maisons à colombage sont initialement construites avec un squelette de charpente, qui permet de les ériger en hauteur.
Les colombages forment une charpente verticale, comme on peut aujourd’hui en trouver sur les maisons à ossature bois. À la différente de ces dernières, les maisons en pans de bois sont conçues avec du bois noble, très souvent du chêne en Europe.
Le colombage en lui-même est composé de trois types de poutres :
- Les poteaux : sont des poutres verticales, qui permettent de monter la maison et soutiennent les étages ou le toit.
- Les sablières : aussi appelées traverses, sont les poutres horizontales. Elles permettent de créer les étages et de relier les poteaux entre eux.
- Les contreventements : sont des poutres diagonales, qui vont permettre de renforcer la structure en répartissant les charges portées par les poteaux et les traverses. Dans certains cas, elles étaient également utilisées à titre décoratif, pour imprimer des motifs dans le colombage.
Ces différents éléments de charpente s’assemblaient les uns dans les autres à l’aide de tenons et mortaises, à savoir une taille spécifique des poutres, qui leur permettait de s’emboîter solidement les unes dans les autres.
Il a existé différentes techniques de construction de maisons à pans de bois, en fonction des époques et des techniques régionales. Les biens les plus anciens ont souvent été conçus avec des poteaux complets, qui recouvraient la hauteur totale du bien. Par la suite, on a utilisé la technique des bois courts, avec des poteaux plus petits, qui ne représentaient plus qu’un étage. Cela permettait de simplifier l’acheminement sur le site.
Sur les premières maisons à colombages (avant le XIIe siècle), les poteaux de soutien étaient plantés directement au sol. Par la suite, et pour éviter le pourrissement, les maisons à colombages ont été érigées sur des soubassements en pierres ou en briques (qui isolaient le bois de l’humidité), voire sur un premier étage entièrement maçonné. On posait alors une sablière sur les maçonneries, pour supporter le reste des colombages.
Bon à savoir : dans les grandes villes historiques, il n’est pas rare que les bâtiments à colombages les plus anciens soient des maisons à encorbellement, à savoir des bâtiments dont les étages supérieurs sont avancés par rapport au rez-de-chaussée. La construction à colombages permettait ce type d’architecture, qui offrait plus d’espace intérieur aux propriétaires, sans empiéter sur les ruelles très étroites des villes médiévales. Les étages supérieurs étaient alors soutenus par des corbeaux (aussi appelés consoles), des pièces de bois qui renforçaient la structure générale de l’édifice.
Le hourdis pour une maison en colombages
Bien évidemment, les colombages devaient être remplis pour assurer le clos couvert du bâtiment ! On parle de « hourdis » pour désigner le remplissage des murs à colombages.
Toujours selon les époques et localités, le hourdis peut être composé de différents matériaux :
- Moellons (pierres),
- Briques,
- Torchis,
- Plâtre, etc.
C’est le hourdis qui garantissait l’étanchéité à l’air des façades. L’un des matériaux les plus fréquents était le torchis, un mélange de terre, de paille et d’eau, appliqué sur un treillis en bois (on appelle cette technique le clayonnage). Dans les villes ou régions les plus riches, on privilégiait des matériaux plus résistants, notamment la brique de terre cuite.
À savoir : si les maisons à pans de bois ont longtemps été laissées telles quelles, nombre d’entre elles ont par la suite reçu un enduit extérieur à la chaux ou au plâtre chaux, qui permettait de couvrir hourdis et colombages, pour des raisons de sécurité incendie, mais aussi pour simplifier l’entretien des façades. Les colombages, exposés à l’extérieur, exigeaient en effet un entretien régulier.
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Réussir la rénovation d’une maison à colombages
On notera que les bâtiments à colombages font bien évidemment partie du bâti ancien, dans le sens où ils ont systématiquement été construits avant 1948 avec des techniques de construction et des matériaux résolument anciens.
En conséquence, la rénovation d’une maison à colombages doit être confiée à des spécialistes des bâtiments anciens et patrimoniaux. L’enjeu est notamment d’adopter des techniques de rénovation ou restauration qui respectent les matériaux (en particulier le colombage, particulièrement fragile), et qui assurent un chantier dans les règles de l’art.
Différents éléments sont à prendre en compte dans la rénovation d’un bâtiment à colombages :
- La vétusté : il est évident qu’un bien immobilier construit en pans de bois n’aura pas les mêmes caractéristiques qu’un bien maçonné. Il convient alors parfois de réaliser une étude préalable pour vous assurer de l’état général d’une maison à colombages, avant sa rénovation. Il convient également de vous pencher sur le cas des insectes xylophages (termites), qui peuvent représenter un grave danger pour les maisons en bois.
- Le caractère patrimonial : notez qu’il est assez fréquent qu’une maison à colombages soit protégée, que ce soit en tant que bâtiment historique, ou de par sa localisation géographique (par exemple au périmètre d’un monument historique). Il n’est donc pas rare qu’un projet de rénovation d’une maison à pans de bois doive faire l’objet d’une consultation d’un architecte des Bâtiments de France.
- Les techniques et matériaux : ensuite, il est impératif d’adopter des techniques et matériaux adaptés, pour éviter une détérioration des colombages. On évitera par exemple tous les enduits ou hourdis à base de ciment, qui peuvent emprisonner l’humidité à l’intérieur des murs, et favoriser le pourrissement des colombages.
- La gestion de l’humidité : le principal ennemi des maisons à pans de bois sera l’humidité, car les colombages y sont sensibles. La rénovation devra donc garantir un bâtiment parfaitement étanche, ce qui peut passer par une réfection complète de la toiture ou des zingueries.
- La rénovation de colombages : si la structure même de la maison doit être rénovée, il est impératif de faire appel à un façadier charpentier spécialiste des colombages. Ce sera notamment indispensable s’il faut remplacer ou renforcer certaines poutres ou certains éléments porteurs.
- La rénovation énergétique : autre élément à prendre en compte, la rénovation énergétique d’un bâtiment ancien doit se faire dans le respect de son architecture. Cela va passer par le choix d’isolants perspirant (laine de roche, fibre de bois, laine de chanvre, etc.) et par des chantiers d’isolation qui se feront depuis l’intérieur (pour conserver les colombages en façade).
- Les aides financières : enfin, et à titre d’information, on notera qu’une maison à colombages pourra parfois faire l’objet d’aides financières, par exemple par le biais du Label Fondation du Patrimoine, ou en tant que monument historique si le bien est inscrit ou classé. Il peut donc toujours être intéressant de vous pencher sur les aides liées à la rénovation du patrimoine ancien.
Sur un ambitieux projet de rénovation d’un bâtiment à pans de bois, vous aurez tout intérêt à faire appel à un maître d’ouvrage, voire à un architecte spécialisé.
Si vous le souhaitez, notre équipe accueille des architectes et compagnons spécialisés dans la rénovation des colombages. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez échanger autour de votre projet, et recevoir l’avis d’experts qualifiés. Nous sommes en mesure d’intervenir partout en France.